Anne Fily, Morgane Kubicki
70 à 100 euros par personne. C’est le montant, en argent liquide, qu’il faudrait avoir pour couvrir les besoins essentiels pendant 72 heures en cas de problème. Et par problème, il faut comprendre l’impossibilité de payer par carte ou en ligne pendant une période prolongée.
La récente panne qui a touché la péninsule ibérique fin avril 2025 en est la parfaite illustration. Peu après midi, une partie de l’Espagne et du Portugal subit une panne d’électricité quasi-totale, touchant plus de 50 millions de personnes. Si l'électricité a été rétablie dans la moitié de la péninsule en fin de soirée, certaines zones n'ont été réalimentées qu'environ 22 heures après le début de la panne.
Les dépenses par carte physique dans les zones touchées ont chuté d'environ 42 % en Espagne ce jour-là, tandis que les dépenses nationales en ligne ont baissé d'environ 54 %. Toutes les infrastructures qui dépendent du numérique ont été largement touchées. Restait les taxis traditionnels, qui ont parfaitement continué à fonctionner en acceptant l’argent liquide.
Parions que les Espagnol·e·s ont tiré la leçon et gardé quelques billets en prévision. Mais cet exemple est loin d’être une exception. En fait, « le déclenchement de crises soudaines – telles que la crise financière de 2008, la crise de la dette souveraine en Grèce en 2014-2015, l'apparition de la pandémie de COVID-19 ou l'invasion injustifiée à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en 2022 – a entraîné une augmentation immédiate et extrême des achats de liquidités par le public », affirme la Banque centrale européenne (BCE) dans son étude Keep calm and carry cash publiée cet été.
L'argent liquide constitue ainsi une forme d'assurance sociale, une protection peu coûteuse contre une instabilité systémique majeure.
Francesca Faella et Alejandro Zamora-Pérez (Keep calm and carry cash)
Le volume de pièces et billets en circulation n'a cessé d'augmenter depuis l'introduction de l'euro
Oui, même la pandémie a entraîné une augmentation de la demande de cash. Si l’utilisation de l’argent liquide a connu une baisse temporaire (rappelons que les pièces et billets ont été rangés au rang de pestiférés), la crise sanitaire a entraîné une augmentation extraordinaire et soutenue de la demande de billets en euros, « illustrant le rôle essentiel de l'argent liquide en période d'incertitude prolongée », soulignent Francesca Faella and Alejandro Zamora-Pérez. L'argent liquide est amplifié par sa nature tactile, qui procure un sentiment de confort et de contrôle, et par sa fonctionnalité hors ligne, qui devient primordiale en cas de défaillance des systèmes numériques.
Dans la zone euro, les pièces et les billets sont émis par les banques centrales, et donc notamment la Banque nationale de Belgique. Il s’agit là de l’un des rôles traditionnels attribués aux banques centrales dans tous les pays du monde. A côté des pièces et des billets, nous avons aussi la possibilité d’effectuer des transactions de paiement en recourant à une carte de paiement (débit ou crédit), à un virement de compte bancaire à compte bancaire ou à une domiciliation (prélèvement automatique effectué sur un compte bancaire). Que ces transactions de paiement se fassent sous forme papier, par l’entremise d’un ordinateur ou d’un smartphone, de manière instantanée ou pas, il s’agit d'alors dans tous ces cas de moyens de paiement privés émis par des entreprises commerciales.
Cette différence est fondamentale : les espèces constituent un bien public, au sens d’un bien hors marché, destiné à un usage commun et à notre bien-être collectif. Tout un chacun peut en effet accéder aux espèces, alors que ce n’est pas forcément le cas pour les moyens de paiement électroniques. En outre, tous les billets et pièces en euro ont cours légal dans l’ensemble de la zone euro, c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés et doivent être acceptés n’importe où. Si l’argent liquide devait disparaitre, nous serions en réalité totalement dépendant·e·s des banques qui sont au cœur du système des paiements. Elles pourraient donc être fortement tentées d’augmenter les différents frais et commissions sur nos comptes, y compris ceux des moyens de paiement qui y sont associés.
Souvenons-nous de la crise de la dette grecque, des retraits de liquidités qui ont été plafonnés et des files d’attente devant les banques par crainte d’une faillite bancaire. Souvenons-nous aussi de Chypre en 2012-2013, quand les deux principales banques du pays ont été dans l’incapacité de faire face à leurs pertes. Une aide d’urgence de 10 milliards d’euros fût accordée par l’Union européenne en échange de deux taxes à prélever directement sur les comptes des client·e·s, l’une de 6,75 % sur les dépôts de moins de 100.000 euros (finalement épargnés !) et l’autre de 9,9 % au-dessus de 100.000 euros. Face au risque de retrait massif des dépôts, ordre fût donné aux deux banques de ne plus distribuer d’espèces, les distributeurs de billets ont cessé de fonctionner. L’argent liquide contribue aussi, même de manière imparfaite, à l’intégration financière des populations les plus vulnérables.
En Belgique, ce sont 39 % des transactions en magasin qui sont réglées en espèces contre 45 % en 2022, mais avec une augmentation de la valeur des transactions.
Le secteur financier aime rappeler que les paiements par carte ou par smartphone ne cessent de progresser. Le montant total des retraits en Belgique, lui, reste stable et est même en légère augmentation en 2024 par rapport à l’année précédente. Ce qui est vrai par contre, c’est que l’on va moins souvent au distributeur (124 millions de retraits en 2024 contre 152 millions trois ans auparavant).
C'est que l'accès aux machines a été rendu de plus en plus difficile en quelques années seulement. La Belgique est le pays de la zone euro où les habitant·e·s se plaignent le plus de l'accès à l'argent liquide.
En 2019, les 4 grandes banques (Belfius, BNP Paribas Fortis, KBC/CBC et ING) initient le projet Batopin. Il s’agit de gérer, ensemble, leur parc de distributeurs et ainsi diminuer les coûts. Fini les machines en agence, des points cash, neutres, feront leur apparition. Mais ce projet vise aussi à supprimer les 5 062 distributeurs installés dans leurs agences par 2 240 appareils dits « neutres » répartis sur un moindre nombre de sites, entre 675 à 725, d’ici 2024. 95 % des des Belges auront accès à un distributeur à moins de 5 kilomètres de leur domicile... à vol d'oiseau.
A l'époque déjà, il n’aura pas fallu longtemps à la population et aux mandataires locaux pour réaliser que nous étions face à une réduction drastique du nombre de distributeurs à l’horizon 2024-2025. Certaines communes et certains quartiers de grandes villes ne disposaient déjà plus de distributeurs, mais le pire était encore à venir.
Après finalement plus de deux ans de tergiversations, le gouvernement fédéral et le secteur bancaire ont conclu le 31 mars 2023 un accord sur l’accès aux distributeurs de billets : le calcul de la distance se fera maintenant par la route et 207 sites seront rajoutés avec 80 appareils supplémentaires là où les files d'attente sont importantes. Le gouvernement fédéral et le secteur bancaire se félicitent alors d'augmenter le nombre de machines... par rapport à la réduction prévue. En mars 2025, une plainte de Financité auprès de l’Autorité belge de la concurrence finira par conclure que le nombre de distributeurs promis par la structure était en effet insuffisant. Les quatre banques s’engagent alors à ouvrir 70 distributeurs de plus d'ici 2026.
Nombre d'emplacements où l'on trouvait des distributeurs fin 2021
Nombre d'emplacements prévu fin 2025 (après le protocole signé le 31 mars 2023 et la sanction de l'Autorité belge de la concurrence)
On peut entendre la justification. A-t-on vraiment besoin de 10 distributeurs dans la même rue où sont présentes toutes les banques ? Après tout, les 4 grandes banques se partagent plus de trois quarts des client·e·s en Belgique et sont de fait plus responsables de l’accès au cash.
Malheureusement, les détails de l'accord passé entre le secteur bancaire et le gouvernement n'ont jamais été rendus publics. Financité, Testachats et Okra ont vivement critiqué le contenu de l'accord et demandé des précisions sur le taux de couverture. Mais malgré un avis positif de la Commission d’accès aux documents administratifs et une saisine du conseil d’État (recours toujours pendant), nous ne disposons toujours pas des informations permettant de vérifier que 95 % des Belges auront accès à un distributeur de billets à moins de 5 kilomètres de leur domicile. Ces informations seraient « commercialement sensibles ». Financité a néanmoins réussi à extraire et analyser les données du site jechercheundistributeurdebillets.be, mis en place par la Fédération du secteur financier (Febelfin) qui nous apporte des éclairages importants.
Si on ne considère que les acteurs bancaires, les points CASH de Batopin et les distributeurs restants dans les agences de Belfius, BNP Paribas Fortis, Fintro, KBC/CBC et ING, les 4 grandes banques gèrent 54 % des lieux où se trouvent des distributeurs alors qu’elles ont, ensemble, 78 % des client·e·s et pèsent pour 87 % du total du bilan.
Ces chiffres, repris du site jechercheundistributeur.be à la date du 8 octobre 2025, ne prennent pas en compte les dernières installations de points CASH. Mais si nous enlevons les distributeurs qui restent encore dans les agences bancaires, qui sont amenés à disparaître, et que nous ajoutons tous les points CASH qui sont encore à ouvrir, les chiffres seraient encore plus mauvais pour les grandes banques.
Les plus petites banques (Crelan, Argenta et vdk bank) ont elles aussi décidé de gérer ensemble les distributeurs, en y associant ceux de bpost afin de réaliser des économies d'échelle. Cette décision ne s'est cependant pas accompagnée d'une volonté d'en réduire leur nombre. Au 8 octobre, Crelan gérait 22 des lieux où on trouvait des distributeurs pour 7 % des client·e·s. Pareil pour Argenta avec 16 % des lieux pour 7 % des client·e·s.
Non seulement les petites banques font plus que leur part du travail, mais dans de nombreuses communes, c’est le service public qui doit prendre le relais.
Bpost est en effet tenue d’installer un distributeur dans les communes où il n’y en aurait pas. Avec 528 appareils, bpost assure seule la présence d’un distributeur dans 66 communes en Belgique. C’est le cas d’Estinnes. Jusqu’il y a peu, la commune comptait 2 banques. Puis, l’agence Belfius a déménagé et Fintro a retiré son distributeur de billet. Impossible de retirer de l’argent. La bourgmestre contacte alors Batopin. Tentative infructueuse. « Aucun projet n’a pu aboutir. Ce n’était pas une question de volonté mais aucun lieu adéquat n’a été trouvé. Par conséquent, je me suis dit qu’il fallait trouver une solution. J’ai donc contacté bpost en tant que service public en mai 2023. Finalement, cela a encore été vite quand on connaît les différentes démarches à réaliser », avait complété la bourgmestre d'Estinnes à La nouvelle Gazette en 2024.
La mise à disposition équitable de distributeurs automatiques de billets est aussi une préoccupation de l’Union des Villes et Communes de Wallonie. (UVCW) « Face au manque de distributeurs de billets sur leur territoire, certaines communes ont pris des dispositions pour assurer la présence d’un distributeur, notamment en concluant des concessions de travaux ou de service avec des prestataires spécialisés. Or, ce n’est pas aux communes d’assurer la présence de distributeurs de billets sur le territoire wallon », regrette Frédérique Witters, conseillère à l’UVCW.
Selon les données analysées par Financité, seules deux communes ne disposent aujourd’hui pas de distributeur d’argent liquide (Mont-Saint Guibert dans le Brabant wallon et Mont-de-l’Enclus dans le Hainaut).
Grâce aux données extraites par Financité, on constate que 186 communes ne bénéficient pas d’un distributeur accessible 24 heures sur 24, principalement en Wallonie. Les locaux sont fermés à partir d’une certaine heure voire plusieurs jours par semaine lorsque la machine est placée dans une agence ou un bureau de poste.
L'accès à un lieu de dépôt est pourtant un enjeu crucial pour les commerces. On sait qu’il existe un lien direct entre l'acceptation des différents modes de paiement par les commerces et la probabilité que les particuliers les utilisent. À l’inverse, des particuliers peuvent ne pas se rendre dans un lieu si leur mode de paiement n’est pas accepté.
« Un commerce ayant sollicité l’installation d’un distributeur Loomis (lire plus bas, ndlr) a vu son chiffre d’affaires augmenter de 15% et le nombre de ses clients grimper de 20 % en un an »
Ellen Van Berlamont, directrice marketing de Loomis.
Les banques ne cessent d’invoquer la progression des paiements par carte ou par smartphone pour justifier la diminution du nombre de distributeurs. Or, on sait que c’est l’accès à cet argent liquide où à des lieux où le déposer qui préfigure de son utilisation.
Depuis le début, le projet Batopin a suscité de nombreuses plaintes de consommateur·rice·s, des motions adoptées par de nombreux conseils communaux, des questions orales à la Chambre quasiment chaque semaine posées par des élu·e·s de toutes les couleurs politiques, des propositions de résolutions ou lois rédigées par ces mêmes élu·e·s, sans oublier une instruction lancée par l’Autorité belge de la concurrence (ABC). Il aura fallu deux ans de négociation et un protocole signé entre le gouvernement fédéral et le secteur bancaire pour que ce dernier accepte d’ajouter environ 200 sites à son projet initial et arrête de retirer les distributeurs des agences avant d’avoir implanté un autre assez proche. L’ABC leur imposera en mars 2025 d’ajouter 70 lieux, ce qui porte le total de ces « points CASH » à 1 040.
Si le projet a démarré en 2019, seuls 755 de ces lieux sont aujourd’hui fonctionnels selon le site bancontact.cash qui reprend les points CASH de Batopin (dernière consultation le 4 novembre 2025) « Nous ouvrons un point CASH presque chaque jour ouvrable. Sur les 1 040 lieux, 1 000 baux sont déjà signés », promet Jeroen Ghysel, directeur de la structure. Batopin affirme qu'il y aura 150 points CASH en plus d’ici avril 2026, ce qui portera le total à un peu plus de 900 lieux.
Pourtant, les critiques contre Batopin sont nombreuses : négociations difficiles avec les communes, dysfonctionnements des distributeurs, problème d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite…
« La collaboration avec les communes se passe bien », assure Jeroen Ghysel avant de préciser que cela se passe moins bien avec la Région wallonne où les permis seraient régulièrement refusés. « Sans cela, on aurait au moins 25 points CASH supplémentaires en Wallonie aujourd’hui. » Selon les données disponibles sur le site de Batopin, ce n’est pourtant pas là l'entreprise dispose du plus de lieux « en cours d’ouverture » ou « en recherche ». En disposant les lieux sur la carte de Belgique, on voit par contre clairement que Batopin a concentré ses efforts sur la partie nord du pays.
Avec le chiffre de 1 040, on revient au même niveau qu’en 2019. Or les retraits en cash ont diminué de moitié entre 2019 et 2024
Jeroen Ghysel, CEO de Batopin à La Libre
Nous ne connaissons pas le nombre d'emplacements dont disposaient les 4 grandes banques fin 2019. Cependant, il est clair qu'avec la mise en place du plan Batopin, on ne reviendra pas au même nombre d'emplacements. Dans cette une interview accordé à La Libre, le CEO de Batopin parle du « même niveau » en évoquant la distance moyenne à parcourir pour accéder à un distributeur. Il ne s'agit pas de la distance médiane, encore moins du nombre de sites et machines disponibles.
Suite aux plaintes reçues, Unia estime que la mise en place de points CASH qui ne sont pas ou insuffisamment accessibles peut être considérée comme une forme interdite de discrimination indirecte fondée sur les caractéristiques protégées que sont le handicap, l'âge et l'état de santé. Batopin assure ne plus avoir accepté de bâtiment qui n’est pas accessible depuis janvier 2023 et peut déjà affirmer qu'au moins 92 % du parc sera conforme.
Pour le reste, Batopin affirme que 97 % des utilisateur·ice·s ressortent satisfait·e·s. C’est ce qui ressort d’enquêtes annuelles commandées à Ipsos. L'enquête, menée à la sortie des points CASH, affirme aussi que 83 % des client·e·s préfèrent les coupures de 20 et 50 euros. Le consortium des quatre grandes banques a tout de même décidé d’augmenter la disponibilité des petites coupures : la moitié des machines seront, à termes, équipées de billets de 5 euros. Actuellement, seules 37 % des machines de Batopin proposent des petites coupures. A titre de comparaison, 72 % des distributeurs de bpost proposent déjà des billets de 5 euros, indispensables pour les petits budgets qui ne retirent que le minimum.
La presse se fait régulièrement écho de distributeurs vides, en panne, qui ne comptent pas bien les dépôts… Il faut dire que Batopin a peut-être investi 200 millions d’euros dans l’ouverture des points CASH, mais a préféré recycler les vieilles machines de Belfius, BNP Paribas, KBC/CBC et ING. Il n’est donc pas rare de passer devant des machines défectueuses
« Si on s’installe quelque part, c’est un investissement énorme et la signature d’un bail de 9 ans. Nous voulons agir à long terme pour l’accessibilité du cash », promet le CEO.
Alors que les banques les suppriment, de nouveaux acteurs viennent installer de nouvelles machines en Belgique.
A Rixensart on n’a pas attendu les services publics ni la bonne volonté de Batopin. Avant le projet qui prévoit la gestion commune des distributeurs de Belfius, BNP Paribas, KBC/CBC et ING, la commune du Brabant wallon comptait 7 distributeurs. Ils ont tous disparu. La Bourgmestre tente alors de discuter avec Batopin pour qu’un point CASH soit installé, au choix dans le centre-ville où se trouvaient les agences ou dans la gare récemment rénovée. Sans succès. La commune prend alors une décision radicale : faire appel à une société privée pour installer une machine. C’est la société Loomis qui est choisie, spécialisée dans le transport de fonds. « La plupart du temps, ce sont les communes ou commerces qui nous contactent parce qu’il n’y aura bientôt plus de distributeur. Notre but n’est pas de combattre Batopin ou les banques, qui sont aussi nos clientes. Nous sommes là pour répondre à la demande », détaille Ellen Van Berlamont, directrice marketing de Loomis.
L’opération a cependant un coût. Dans le cas de Rixensart, il a fallu débourser 8 300 euros pour l’installation et budgéter des frais de fonctionnement annuels. Mais Loomis prévoit une facturation un peu particulière : « Pour faire simple, nous demandons des frais à la commune, mais au plus il y a de retraits, au moins la commune devra payer. Si le distributeur est très utilisé, il se peut même que nous reversions une partie des commissions interbancaires que nous touchons à la commune », explique Ellen Van Berlamont. Car quand vous utilisez votre carte de la bancaire dans le distributeur d’une autre institution que la votre (qu’elle soit bancaire ou non), celle qui gère le distributeur demande une commission à votre banque pour s’occuper de la transaction. C’est la commission interbancaire qui peut rendre un distributeur bénéficiaire.
Dans la commune brabançonne, « les coûts réels sont inférieurs au budget prévu depuis le lancement », confirme Gaëtan Pirart, échevin des Finances. En 2024, la commune avait prévu 7 000 euros par an pour le distributeur, il ne lui en aura coûté que 5 356,70 euros.
« En tant que transporteur de fonds, nous avons en effet tout avantage à ce que le cash continue de circuler, mais la demande est réelle. Certains de nos distributeurs Loomis installés en Wallonie ou en Flandre sont les plus utilisés de tous nos distributeurs en Europe », affirme Ellen Van Berlamont.
Installer de nouvelles machines, c’est aussi le pari d’Euronet, qui a choisi de se concentrer sur les zones touristiques où le passage est important. La multinationale américaine, spécialiste des paiements, s’installe en façade de commerces, supermarchés, hôtels, et même agences bancaires vacantes… pour qui l’installation est totalement gratuite. Pour des commerces de détail, les frais de transaction par carte dépassent parfois la marge qu’ils s’octroient sur un produit. L’installation d’un distributeur prend alors tout son sens pour encourager les client·e·s à payer en argent liquide.
Si la multinationale admet que les frais d’installation et gestion d’un distributeur en Belgique sont parmi les plus élevés du marché, choisir de s’implanter au plat pays repose sur une stratégie commerciale qu’elle espère payante.
Aucun frais pour les client·e·s belges non plus, par contre des frais s’appliquent pour les cartes qui utilisent d’autres devises. Pour faire court, Euronet se rémunère surtout sur les visiteur·euse·s étranger·ère·s.